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Lambeaux

7 novembre 2005

Revenir

Nous arrivons à parler au téléphone. Tu viendras même en fin de semaine.

J'ai failli venir écrire ici pour vociférer toute ma colère suite à la dernière fois où je suis venu chez toi. Comme si la maison me repoussait, comme si on me demandait de vider les lieux. Il n'a pas compris en voyant le tas de papier que j'ai fait dans une des chambres. J'ai vu un peu de panique dans ses yeux. On peut garder des choses, ne jette pas tout. J'avais envie de tout balancer. Parce que tu ne me fais pas de place. Parce que tu m'a rejeté il y a des dizaines d'années, parce que je ne sais plus revenir vers toi. Ta faut, oui, ta faute, ta faute si je n'arrive même pas à te parler en face ou te tenir dans mes bras. Tu as creusé cette solitude pour nous deux.

J'ai de nouveaux des envies d'ogres. Ta faute aussi ça? J'ai envie de tout te foutre sur le dos. Pas la bonne solution, pas réel tout ça...

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14 octobre 2005

Ardeurs

Durant toute mon adolescence, je t'en ai un peu voulu de m'avoir compliqué les rapports avec les femmes. Je n'ai pas assez baisé durant mon adolescence, je n'ai pas assez aimé la chair. Elles le sentaient. Elles me repoussaient, j'avais comme les ardeurs d'un ogre malhabile. J'avais des exigences idiotes, une vision saugrenue et déformée des rapports avec les autres. J'étais comme sur une autre planète.

J'ai mis du temps a en revenir. Je ne sais pas si je dois t'en vouloir. Je ne te raconte pas tout cela pour te dire que je t'en veux. J'ai besoin de sortir de tout ça, de faire le tri dans tout ce qui émerge. Aimer, tu le sais. Je ne le dis pas. Je le pense.

12 octobre 2005

La feuille de remboursement

Tu sais que lui, il est curieux. Mais tu ne sais peut-être pas combien moi aussi je suis curieux. Il m'est arrivé de fouiller, en délicatesse, en surface, dans tes affaires. Il m'est arrivé d'être surpris par ce que tu vivais et que tu me cachais. Une fois, mes yeux se sont portés surune feuille de remboursement, y étaient indiqués des soins que tu avais eus. J'ai été surpris de voir le nom d'un praticien que je ne connaissais pas. J'ai été trouver son nom dans les pages jaunes.

Il était psychiatre. Je croyais que notre médecin de famille te suffisait. Visiblement, ce n'était pas suffisant. Bien plus tard, j'ai tendu des perches que pour que tu m'en parles. Je n'ai jamais osé t'en parler. Si tu le cachais ou ne le disais pas, c'était peut-être parce que cela te blessait. Cela te blesse encore maintenant, je ne sais pas, les anti-dépresseurs que tu continues de prendre, faut-il que cela m'importe qu'ils soient prescrit par un homme que je connais? ou par un homme que je ne connais pas, et qui te fouille les émotions?

11 octobre 2005

Lui

Est-ce que ça recommence? Je suis venu ici pour te parler, et c'est à lui que je pense, c'est sur lui aussi que je me pose des questions. Quel a été son rôle dans tout ça... Quelle a été sa part de son responsabilité dans ce qui t'est arrivé, et dans ce qui t'arrive encore ?

Un déracinement brutal, la perte de ton père, et lui, la perte symbolique de ses parents. Lui, son incapacité à me montrer de la tendresse ou de la reconnaissance pour ce que je fais. Lui et sa maladresse que j'ai crue héritée. Ne pas crier trop vite victoire, l'avenir n'est pas encore venu totalement me détromper. Lui que l'on m'a fait accuser il y a plusieurs années, lorsque l'on m'avait retrouvé, en larmes, perdu. Un médecin généraliste m'avait fait cracher la haine du père. Non, non, il n'existe rien d'autre. cela ne peut être que cela : votre père vous met en pièces.

11 octobre 2005

Nuit

Tu nous as fait vivre une nuit intense. Tu as crié, tu as hurlé, tu as réveillé la maison. Il a hurlé aussi. Sans doute ne comprenait-il pas ce qui se passait. Moi, je ne comprenais. Cette nuit-là faisait écho à d'autres éclats de voix. Pas vraiment des disputes entre lui et toi. Mais des cris. Du désespoir. Tu as crié que tu te barrais. Tu étais en robe de chambre et tu es sortie de la maison, tu as marché dans l'allée. Il t'a suivi, il dort toujours nu, alors forcèment, le temps de mettre un pantalon, un t-shirt sur ses épaules, tu avais pris un peu d'avance. Pas tant que cela parce qu'il t'a rattrapé à la barrière. Tu ne devais pas marcher si vite que cela.

Je me suis levé. Je me revois dans un robe de chambre pisseuse, accoudé au bureau de mon géniteur. J'ai entendu les cris mais je n'ai rien vu à travers les volets fermés. Peut-être un peu de lumière. Comment 'a t-il rattrapé? Par le bras? En te serrant contre lui? Finalement, je vous ai rarement vu tendre l'un vers l'autre, physiquement. Il t'a ramené à la maison. Je crois que je pleurais. Mais ce n'est pas ce qui est important. Je me revois dans ma robe de chambre pisseuse. le médecin est venu en pleine nuit. Il m'a regardé. Longuement il m'a semblé. Je ne sais pas, cela m'a paru bizarre. Pas vraiment un regard accusateur mais un regard trop lourd à porter pour moi. Ce n'était pas sur moi qu'il devait porter son attention, mais sur toi. Toi seule. Je me souviens avoir fait une sorte de grimace que j'avais vu les grands faire. Une grimace pour dire "Vous comprenez? C'est difficile ce qu'on supporte..." Je n'ai pas ouvert la bouche. J'étais figé en quelques sortes, toujours comme derrière des volets. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je ne voyais rien.

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9 octobre 2005

Une de tes promesses

Tu nous l'a dit de nombreuses fois. Que tu finirais par te pendre dans le garage. Je voyais immédiatement le chemin que tu prendrais. Tu nous l'as dit de nombreuses fois, mais tu ne l'as pas encore fait. Un appel. Une manière agressive de nous rappeler à l'ordre. De nous rappeler que tu es fragile. Que tu ne supporteras pas tout ça indéfiniment...
9 octobre 2005

Première pierre

Il fallait bien une première pierre pour étaler les lambeaux de mémoire que j'arrache.
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